La vraie raison, sans paillette
Mon narcissisme pathologique va me faire parler de ma vie personnelle et des origines de Gyappu.
Plaisanterie mise à part, un bon nombre d'entre vous me l'ont demandé sur Instagram ou par email alors je vais vous donner ce que vous demandez.
Je pense que c'est une bonne idée car vous replacerez mieux l'humain derrière, et vous prendrez conscience du cheminement (peu glorieux) que Gyappu a suivi.
Cela vous intéresse ?
Alors, suivez moi pour la première partie (bande de fous).
Le discours plein de paillettes
Lancer une marque haut de gamme ne se fait pas du tout du tout de la même manière quand on a 25 ans ou 50 ans, quand on est déjà rentier ou quand on dépend d'une autre source de revenus... De multiples variables rentrent en ligne de compte.
C'est d'ailleurs pour cela que parfois j'ai du mal avec les livres sur l'entrepreneuriat. Ils proposent des astuces et principes utilisables, mais ce sont des modèles généralistes, pas forcément applicables à tous les cas de figures.
Pour en revenir à mon cas particulier (narcissique je vous ai dit), on est loin loin de la success story à l'américaine et du parcours exemplaire. D'ailleurs, je dois vous avouer une chose : je ne suis pas très paillettes.
Le culte de la personnalité me dérange et c'est pour cette raison que même si je sais que mettre un visage sur la marque permet de rassurer le client (et augmente les ventes), je n'ai toujours pas montré ma frimousse.
Enfin, je vous mentirai si je décorais l'histoire de paillettes car Gyappu est né d'un échec.
Mais avant de vous raconter tout cela, je vais vous tirer le portrait de quelqu'un.
Un gars vraiment passionné (et très con)
Nous sommes dans une chambre d'étudiant en chimie, une pièce de 8 m². Il est 2h00 du matin en plein milieu de la semaine. Il y a du bruit dans l'appartement d'en dessous car apparemment, un groupe d'étudiants avait décidé de faire un after et une partie de beer-pong.
Dans cette chambre, un jeune homme ayant à peine du poil sur le menton tape sur son ordinateur portable, il est à la recherche du jean selvedge "ultime".
Sachez que ce jeune homme n'est pas comme tous les autres. Il est très passionné par le vêtement. M'voyez, il a quand même lu des blogs, des forums... On ne peut rien lui apprendre, c'est un "sachant".
Quand il discute avec d'autres passionnés, il est arrogant et il écrase la conversation (il sait tout je vous dis). Il répète par cœur ce qu'il a lu sur Internet, des choses comme "Tous les denims et chambrays japonais ont du grain, c'est pour ça que ce sont les meilleurs au monde." (Note : à ce jour, je n'ai analysé que quelques centaines fiches de fournisseurs de denim japonais, et environ 40% n'ont pas de grainage particulier. Mais bon, le jeune homme que je vous décris m'aurait prétexté que ce n'est pas vrai, vu qu'il sait tout).
Quand il voit ce que produit une marque, il critique tout en disant ce qu'ils auraient dû faire ça comme ça, que ça aurait été mieux comme si etc... Il est l'équivalent du vieux gars devant un match de foot sur son canapé, son ventre bien rond lui servant de plateau pour tenir sa bière. Il n'a touché un ballon de foot que 4 fois dans sa vie mais il crie sur Christiano Ronaldo en arguant que c'est un joueur médiocre et que lui aurait mieux fait (de son canapé).
Vous arrivez à vous imaginer l'individu je suppose ?
Hé bien ce jeune homme horrible, infâme, prétentieux, arrogant... C'était moi.
Bien bien passionné.
Et très con.
Le stratagème bancal
« Je sortirai de ce monde où l’action n’est pas sœur du rêve »
Renoncement de Saint-Pierre
La majorité n'aime pas parler des échecs, par pudeur sans doute, je le respecte. Moi, cela ne me dérange pas. Mes échecs m'ont toujours plus appris que les réussites. Je trouve même que cela est constructif d'en parler.
La vérité est que j'ai voulu rentrer dans le monde du vêtement plusieurs fois, et j'ai lamentablement échoué.
En sortant des études de chimie, j'ai postulé chez Bonnegueule trois fois à trois postes différents. Et j'ai été recalé... trois fois.
Puis, j'ai retenté la même chose en attendant un résultat différent (Einstein appellait cela de la folie) et je postulai chez Husbands où j'étais client. Nicolas Gabard, le fondateur, m'a dit que malheureusement son équipe était complète.
Si vous pensez que j’écris cela dans un esprit de vengeance, vous vous trompez. Ce sont deux entreprises qui cherchent à se développer, et elles doivent recruter des personnes compétentes pour les postes. Or j’ai beau avoir été co-auteur de deux publications scientifiques, développé un revêtement antibactérien pour une prothèse de hanche, travaillé pendant deux ans sur un médicament anti-reflux gastrique... hé bien... Ces compétences ne servent pas à une marque de vêtements.
D’autant plus que ces personnes m’ont aidé quand j’ai commencé à bosser sur Gyappu. Alors non, je ne leur en veux pas du tout et ce sont mêmes des confrères géniaux à mes yeux.
J'ai appris sur le vêtement, son monde, ses codes, ses pratiques, sur Bonnegueule quand j'ai commencé à m'y intéresser. Le blog m'a apporté énormément. De l'autre côté, Husbands est une des marques les plus sexy qui existe à mes yeux. Elle fait aimer le tailoring par son parti pris, son audace et sa nostalgie, ce qui m'a fait devenir client de cette maison.
Quel genre de personne serai-je si je mordais la main de ceux qui ont nourri ma passion ? Non. A différentes étapes de ma progression, ils ont été mes senseis et les écoles que j'ai suivies, je leur dois le respect. Point.
Maintenant que cette mise au point est faite, continuons.
Je venais de me faire recaler. Pas de possibilité d'entrer dans ce monde que j'adorais. Il était hors de question de retourner aux études pour se requalifier. Après un moment de réflexion extrêmement long (d'environ 2 minutes 30), j'ai trouvé le stratagème infaillible pour ne jamais me faire recaler. Dit comme ça, vous sentez déjà le plan bancal (et vous avez raison).
A peu près au même moment, le cancer de ma mère s’était généralisé, cela a complètement changé ma vision de la vie et accéléré le processus. Je me devais de le faire, je devais coupler rêve et réalité en usant de ce stratagème.
Vous vous demandez ce que c'est. Dans quelle situation, aucune autre personne que moi-même ne pourrait me refuser un poste ?
Celle où je lance ma propre marque.
Alors que je pensais que mon échec dans le microcosme du vêtement était déjà peint sur une toile pour toujours, que je cherchais un mur pour l'accrocher, j'ai vu qu'il restait encore un grand pan de toile encore blanche.
Et c'est ainsi que Gyappu est passé d'un rêve de travailler dans le vêtement... à un chantier en pleine construction.
Dans la tradition bouddhiste, la fleur de lotus possède une dimension spirituelle.
Cette plante pousse dans la boue, se hisse au dessus d'elle pour fleurir.
Gyappu enracine sa volonté d’épanouissement au cœur d'une recherche de vacuité.
Une fleur de lotus dans un enso.
On a tendance à dire qu’une image vaut mieux que milles mots, ici c’est bien l’inverse, un portrait réaliste vaut mieux qu’une photo. Bravo.
Laissez un commentaire