Discours sur l'art créateur - chapitre 6 : Le meilleur equalizer du monde
“Un processus complexe, un peu chaotique, qui représente ce que peut être la naissance d'une idée.”
Cédric Villani
Le lauréat 2010 de la médaille de Fields avait déjà tout énoncé dans cette citation.
Rien ne s'apprend ni se construit tout seul. Il faut selon moi être reconnaissant de ce que l'on peut recevoir des autres. Même si quelque part j'ai tracé le plan, je ne peux pas dire que j'ai fait cela tout seul.
Pour construire un bâtiment, il faut bien sûr un plan mais il faut aussi des maçons, des ingénieurs, des consultants... Cela ne peut pas naître sans mise en relation de différents individus avec différentes compétences.
Gyappu était une idée. Elle venait de moi, mais ce sont les rencontres que j'ai faites qui ont fait que cette idée est devenue réalité opérante. Si vous me lisez depuis les débuts, vous avez pu voir que j'ai mis en avant ces rencontres au travers d'interviews mais pour la première fois : cela a donné naissance à des pièces de la collection.
Les pièces que je vais vous présenter m'ont été inspiré par Florent Peschisolido, l'auteur du blog Sartorialworld.
[Notez qu'il n'y a aucun accord commercial, il ne perçoit rien de ma part, c'est simplement votre serviteur qui a eu envie de faire son truc tout seul]
BRISER LA DISTANCE
“Voici ce que je considérerai comme promoteur de la dignité humaine :
- les séquences de comportement interpersonnel qui accroissent l’estime de soi d’un des acteurs sans diminuer celle des autres ;
- les séquences qui encouragent l’estime de soi chez tous les acteurs ;
- les idées générales et les conceptions de la vie qui nous aident à envisager nos rôles sociaux avec respect.”
Grégory Bateson
J’ai rencontré Florent le 8 juin 2019 vers 15h00 (oui, je suis allé chercher dans mon agenda). Nous avons été mis en relation par un ami en commun (dont je vous parlerai bientôt avec de nouvelles pièces. Mais patience, chaque chose en son temps).
Mes échanges avec Florent étaient exclusivement par voie électronique. Nous parlions beaucoup de vêtements, d’entreprenariat, de marques, d’ateliers... Et nous avions décidé de se voir pour boire un café dans un speakeasy (non n'insistez pas, je ne vous dirais pas lequel).
Il est 15h00 passé quand j'arrive (moi et mes talents dans le métro parisien...). J'entre et Florent est assis dans un grand sofa en cuir, il est déjà à son 3ème expresso (ah ces italiens...). Je présente mes excuses qu'il accepta, et je m’assoie.
Nous voilà repartis de plus belle dans nos longues discussions sur le vêtement, quel plaisir d'avoir un ami avec qui développer ce sujet. Ce qui m’a énormément plu chez Florent, c’est à la fois sa bienveillance et son intégrité.
Sa bienveillance car il n’a jamais été radin en conseils, en temps, en adresses (c'est d’ailleurs grâce à lui que j’ai trouvé l’atelier de costumes. Mais je dévie du sujet encore...). Il amène toujours de la bonne volonté quand il s’agit de m’aider. Même quand je le bombarde de questions sur Whatsapp toutes les semaines, il garde son calme et répond toujours (et pourtant je peux être trèèèèèèèès lassant 😅).
Son intégrité ensuite. Sur son blog que je vous invite à aller lire, il ne dit pas les choses par répétition sans réfléchir, pour « mieux vendre le truc ». Il fait preuve de beaucoup d’esprit critique et ne supporte pas les fausses vérités circulant sur le monde du vêtement et il en existe des tonnes (et demi). En somme, il est plein de doutes et affirme peu. C’est une qualité rare que j’apprécie. (Méfiez-vous des personnes qui affirment trop de choses, même si elles jouissent d'autorité. Fin de la parenthèse).
C’est ainsi qu'on peut briser la distance, par la passion en commun pour l’art tailleur (et les souliers). La passion est le meilleur equalizer qui existe dans les relations humaines. Qu’importe la différence d’âge, d’expérience, de goûts, d’origine ethnique, de statut social... La passion brise absolument toutes les barrières.
Et cultiver ce genre de relations permet de garder intacte notre dignité en tant qu’êtres humains.
A ce moment-là, une idée de mini-collection germa dans ma tête. Et si je commençais à...
VOIR AVEC SES YEUX
En son hommage, pour marquer l'histoire de Gyappu, je me suis donné comme mission de concevoir une collection de cravates que Florent aurait aimé porter. Mais juste faire ça, c'était trop simple, il fallait un peu plus de contraintes.
L'idéal serait de conserver la volonté du système esthétique de Gyappu (appliquer des principes, illustrer des idéaux... bref vous connaissez mon délire) tout en empruntant la vision de Florent, ça, c'est un peu plus challengeant.
J'ai donc fait une présélection de tissus, et je l'ai montrée à Florent. Étonnamment, il a aimé tous les tissus que j'avais choisi.
Voici ce que ça a donné :
Une soie sauvage Shantung bordeaux à pois - impossible que vous fassiez un fashion faux pas avec celle-ci, elle va avec tout
Une soie imprimée à motifs paisley - pour amener un peu de pimp dans le cocktail de votre vie
Une soie shantung (encore) à rayures blocs bleu marine et marron - un classique intemporel que vous porterez facilement
Une soie à chevrons bronze et rayures bordeaux - qui murmure à votre cœur Ivy
Un mélange 70% soie et 30% lin - pour ceux qui aiment quand ça glisse au nouage
Les cravates sont doublées et réalisées intégralement à la main par notre petit atelier en Calabre, avec la signature de Gyappu : des travetti en fil d'or 24 carats.
Elles sont disponibles sur l'e-shop dès aujourd'hui. J'ai fait le choix de n'en produire que 4 pièces par modèle, car au jour où je les avais conçues, elles étaient une parenthèse, un hommage à un ami qui n'a cessé d'être généreux envers moi. Il n'y aura donc pas de réassort, ce sont les uniques pièces disponibles.
J'en profite également pour vous dire de surveiller votre boîte e-mail ces prochains jours, peut-être recevrez vous quelque chose de ma part bientôt...
Pour tout ce que tu as fait pour Gyappu, merci Florent.
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